Alimentation

Vins et labels : que valent-ils vraiment ?

Vins et label environnementaux

Depuis quelques années, la demande en vin bio ne cesse de progresser et de fédérer de nouveaux consommateurs autour des valeurs qu’il représente : respect de l’environnement, qualité des produits et absences de résidus chimiques nuisibles sont en tête de liste.
Une tendance qui explose et apporte un souffle de renouveau sur le marché du vin français, ou désormais le vin biologique représente 11% de la consommation totale de produits bio.
Les Français sont les 2nd consommateurs de vin au monde et achètent en large majorité leurs bouteilles de vin en grande distribution. On trouve aujourd’hui une variété de labels étiquetés sur les bouteilles sans trop savoir vraiment à quoi ils correspondent.

Alors c’est parti, on décrypte et on cherche la perle rare...

Label agriculture biologique

Le label agriculture biologique

Celui-ci, tout le monde le connais et c’est pour beaucoup la lumière du phare qui les guident vers un choix plus sain et responsable. Mais au fond, que garantit-il vraiment ?

Aucun traitement chimique de synthèse

La vigne ne peut avoir reçu de traitement chimique de synthèse au cours des 3 dernières années (minimum). Exit donc le désherbage chimique, les pesticides et les OGM.
Les sols qui alimentent les pieds de vigne peuvent être enrichis et traités uniquement avec des produits naturels : sulfate de cuivre, souffre…

Des intrants autorisés plus restrictifs

Ici, on notera surtout la quantité de sulfites qui est réglementée de façon un peu plus sévère. Par exemple, un vin rouge bio ne dois pas excéder 100 mg/l contre 160mg/l pour un vin rouge conventionnel. L’addition de certaines levures (pour la fermentation), et de copeaux de bois (pour les tanins) sont autorisés.

Un contrôle annuel

Chaque année, un organisme certificateur veille au bon respect du cahier des charges. Cet organisme est lui-même encadré par l’INAO (Institut National de l’Origine et de la Qualité).

Label Ecocert

Le repère Ecocert

Ecocert n’apporte pas de garanties supplémentaires au label bio. C’est en fait le plus connu des organismes certificateurs, dont le rôle est de contrôler le bon respect des normes inscrites au cahier des charges de l’agriculture biologique. Chaque vigneron en agriculture bio choisi de travailler avec l’organisme de son choix parmi : Ecocert, Certipaq, Agrocert, Qualité France, Bureau Veritas et SGS ICS. Ils sont tous encadrés par la même instance nationale qu’est l’INAO.

Label Demeter vin

Le label Demeter

Graphisme assez discret et pourtant en voilà un qui ne plaisante pas. Il s’applique aux vins certifiés Bio et va encore beaucoup plus loin.
Le label Demeter est synonyme de biodynamie et vise à travailler « avec la nature » et « soigner la terre » plutôt que de la soumettre à des procédés chimiques. Particulièrement strict, le cahier des charges Demeter exige un ensemble d’actions sur tout le domaine du viticulteur et durant tout le procédé (du raisin jusqu’à la bouteille) pour obtenir un vin de grande qualité, responsable et raisonné.

Tout ou rien

Le viticulteur souhaitant le label Demeter doit convertir toutes ses parcelles en biodynamie sans exception. De même, il ne peut être propriétaire d’un autre vignoble conventionnel en parallèle.
C’est « all in or all out » comme on dit Outre-Atlantique.

La nature au coeur des vignes

Le viticulteur doit mettre en place des actions pour augmenter la biodiversité sur son domaine. Il y a beaucoup de façon de redonner sa place à dame nature : installation de nichoirs, utilisation de variétés végétales anciennes, semence de fleurs attirants abeilles et papillons, ajout de ruches aux abords des vignes, potager bio à proximité…

De même la fertilisation du sol exige de remplacer le cuivre et le souffre par des préparations biodynamiques tels que le purin d’ortie, les infusions de prêle ou encore la bouse de corne.

Transformation douce et intrants très limités

Allant plus loin que la Bio, Demeter interdit de nombreux intrants pourtant autorisés en bio et abaisse encore les doses autorisés, parfois même allant jusqu’à nécessiter une dérogation pour l’usage de certains produits. Les procédés qui déstructurent les aliments tels que les trop fortes températures, trop fortes pressions, les micro-ondes ou certaines procédés d’extrusion sont bannis.
Voici quelques interdictions Demeter qui sont pourtant autorisées en Bio : pasteurisation, nutrition de levures, gélatine alimentaire, tanins, enzymes, acide citrique, citrate de cuivre …

Pour aller plus loin dans la comparaison, cliquez sur le bouton ci-dessous.

Un vin rouge et un vin blanc Bio et Demeter

Le label Haute Valeur Environnementale (HVE)

On le voit de plus en plus dans le rayon vin, sans trop vraiment comprendre à quoi il correspond. Un papillon, des arbres, du soleil et hop c’est glissé dans le caddy de la bonne conscience. Ce label a été porté par les ministères de l’Agriculture et de la Transition écologique.
Son objectif premier est commercial puisqu’il sert à rassurer le consommateur sur les engagements pris par le producteur. Une initiative volontaire de la part du producteur en HVE pour se différencier sans pour autant passer au Bio.
Il est vivement critiqué de « greenwashing » pour sa réglementation trop souple -autorisation de pesticides notamment- par les acteurs du Bio et la Confédération paysanne. Mais aussi de concurrencer le Bio et de s’approprier des aides qui pourraient aller à des mesures agroécologiques plus efficaces.

De bonnes intentions

Face à la montée du Bio, la création du label HVE permet à des viticulteurs conventionnels de se démarquer à conditions de revoir leur copie.
Ainsi, 4 thématiques environnementales entourent ce label HVE :

  • la protection de la biodiversité
  • la stratégie phytosanitaire
  • la gestion de la fertilisation
  • la gestion de la ressource en eau

Le label HVE est composé de 3 niveaux de progression, et seul le 3ème niveau permet l’affichage de l’étiquette sur le produit.
Tous les 18 mois, un organisme certificateur agréé par le ministère de l’agriculture mène un audit de l’exploitation viticole. Un cahier des charges qui va donc dans le bon sens, mais en réalité insuffisant.

Vins HVE et pesticides

Tout d’abord, la vigne représente 82% des producteurs certifiés HVE. Un nombre incroyablement élevé qui s’explique en réalité par les faibles contraintes réelles que cette certification impose. Et par le bon coup de comm’ qu’elle apporte.
Pour un viticulteur, nul besoin de bouleverser l’ensemble de ses pratiques chimiques et industrielles, et surtout les pesticides même reconnus nocifs ne sont pas exclus.

Un business juteux ?

Encouragé par le gouvernement, l’Europe et la FNSEA, de nombreuses aides sont distribuées aux exploitants labellisés HVE.
Si au départ ce label devait servir de transition vers un mode de production Biologique, on constate aujourd’hui qu’il sert de zone de confort avec un ratio bénéfices/efforts très favorable aux viticulteurs notamment.
Un constat en demi-teinte pour ce label pas très net.

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